Handicap en entreprise : le point de vue des travailleurs en situation de handicap

Depuis la loi de 2005, de nombreux efforts ont été faits pour que le handicap ne soit plus un sujet tabou au sein des entreprises françaises. Pourtant une étude conduite par Inspirience, à l’occasion du salon Handicap, emploi et achats responsables qui aura lieu le 28 mai 2019 à Paris, révèle que 30 % des personnes en situation de handicap ne parleraient pas de leur handicap au travail. Si pour certains il s’agit simplement de ne pas mélanger le professionnel avec ce qui est considéré comme privé, d’autres estiment que c’est une précaution nécessaire afin de ne pas compromettre leur carrière.

 

Alors qu’elle est la place réelle des travailleurs en situation de handicap dans le milieu professionnel ? Quelle vision portent ces derniers sur leur propre intégration ?

 

Décryptage avec ISEA

Un sentiment d’intégration bien présent

 

La première chose qui ressort de l’étude, c’est qu’un sentiment d’intégration globalement positif domine chez les travailleurs handicapés en exercice. En effet deux tiers des interrogés ont décrit leur insertion professionnelle comme « facile » et ont déclaré évoluer dans un cadre bienveillant au sein de leur propre entreprise. 86% des sondés se disent intégrés au même titre que leurs collègues dits « valides » et 80 % d’entre eux se sentent reconnu pour leurs compétences avant leur handicap.

 

Des chiffres qui ont de quoi surprendre quand on sait que le taux de chômage des personnes porteuses d’un handicap atteint les 19% en France.

 

Sur les 895 personnes qui ont été consultées, 78% ont effectué les démarches afin d’obtenir une reconnaissance médicale ou professionnelle de leur handicap (souvent la RQTH) et 66 % l’ont obtenue. Dans la moitié des cas, ces démarches ont été effectuées afin d’obtenir un aménagement des conditions de travail.

 

1er besoin exprimé : l’aménagement des postes

 

La question de l’aménagement des postes de travail apparaît en tête des besoins exprimés par les travailleurs en situation de handicap. Cela bien avant l’aménagement des heures ainsi que du rythme de travail. En effet, 73% des sondés estiment que leur entreprise prend bien en compte leurs besoins spécifiques, cependant cela ne se ferait que de manière partielle.

 

Pour se sentir pleinement épanouie au travail, la majorité des participants à l’étude demande alors davantage de formation ainsi que des postes plus adaptés. D’autres recommandent une meilleure sensibilisation dans leur entourage de travail, aussi bien au niveau des collègues que de la hiérarchie. Certains estiment par ailleurs qu’ils devraient changer de poste ou être consultés sur l’orientation de la politique Handicap de l’entreprise.

 

Ainsi, nous sommes bien loin du stéréotype du travailleur en situation de handicap moins productif ou toujours absent pour raison médicale. Selon Grégoire Decaux, dirigeant d’Inspirience, cette étude révèle l’envie certaine de ces employés de recevoir une formation et de pouvoir évoluer dans leur univers professionnel : « des attentes légitimes et identiques à celles des autres salariés. »

 

Le problème de l’accompagnement

 

Bien que l’avis général soit plutôt positif concernant l’environnement de travail, 82% des sondés considèrent que leur entreprise pourrait s’engager davantage dans leurs actions en faveur du handicap. Plus inquiétant, malgré la généralisation des politiques Handicap au sein des entreprises, deux travailleurs handicapés sur trois ne se sentent pas accompagnés dans leur évolution professionnelle.

 

Pour cette raison, bien que la majorité des personnes interrogées se déclare « fortement engagée » dans leur entreprise, deux employés sur trois déplorent ne pas se voir renvoyer la pareille par l’entreprise pour faciliter leur inclusion et leur évolution au sein de la société. Des chiffres qui font écho lorsque l’on constate que parmi les compétences « transverses » qui n’ont pas été développées durant leur parcours professionnel, le management arrive en tête pour 31% des participants au sondage.

 

Face à de telles données, Sophie Rouxel, commissaire du Salon Handicap, fait alors remarquer qu’il est grand temps que s’opère « une prise de conscience massive des décideurs ». Cela afin de permettre que le Handicap ne soit plus vu comme « une contrainte à assumer, mais bien un engagement RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) ».