MDPH : des délais encore trop longs

4 mois et 12 jours, tel est le délai moyen d’attente pour une demande de prestation auprès de la MDPH. Des délais pouvant même aller jusqu’à quadrupler en fonction des départements. Une enquête de satisfaction menée par la CNSA montre certaines défaillances dans l’accès au droit.

MDPH :des délais encore trop longs.

Entre 2018 et 2019, la CNSA (caisse nationale de solidarité pour l’autonomie) organisait une enquête nationale de satisfaction sur les MDPH. Ce fut l’occasion pour un échantillon de 24 000 personnes d’exprimer leur opinion sur le fonctionnement des maisons départementales qui répondent chaque année à près de 4,5 millions de demandes.

 

Accessibilité physique, accueil, écoute, réponse aux besoins… dans leur majorité (3 personnes sur 4), les personnes interrogées se disent « satisfaites ou moyennement satisfaites » des prestations auprès de leur MDPH. En revanche, 67,6 % d’entre elles expriment leur mécontentement concernant les délais de réponse. Un problème maintes fois pointé du doigt par les familles et associations du secteur et une impatience jugée « légitime » par l’ex-secrétaire d’État au handicap Sophie Cluzel.

 

La PCH en tête des mauvais élèves

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Victime de sa popularité, la prestation qui a été identifiée comme la plus chronophage est clairement la Prestation de compensation du handicap (PCH). En effet, le traitement d’une demande nécessite en moyenne entre cinq et cinq mois et demi d’attente en fonction de l’âge du bénéficiaire. En 2017, c’est près de 309 500 demandes de PCH qui ont été traitées auprès des MDPH, ce qui représente environ 7% de toutes celles déposées.

 

La demande de matériel pédagogique adapté aux élèves en situation de handicap arrive en deuxième position avec un délai moyen de 4 à 5 mois. Il est à noter que l’ensemble de ces délais varient d’ailleurs grandement en fonction des départements avec une fourchette pouvant aller de 45 jours jusqu’à 16 mois (source : rapport d’activité des MDPH de 2017). Une situation ubuesque dont s’indignait d’ailleurs l’ex-secrétaire d’État au handicap Sophie Cluzel lors de la cinquième conférence nationale du handicap (CNH) de juillet 2019.

 

D’après les résultats de l’enquête, le délai de traitement moyen d’une demande de prestation « adulte » auprès de la MDPH est de quatre mois et de 12 jours. Soit une diminution de seulement quatre jours depuis 2016. Pire, les délais des demandes pour des prestations concernant les enfants en situation de handicap tendent à augmenter avec une moyenne de trois mois et 21 jours, soit trois jours de plus qu’en 2016.  Des chiffres bien loin de satisfaire les nombreuses familles qui expriment leur lassitude face aux difficultés rencontrées pour faire valoir leurs droits.

 

Des MDPH difficiles à joindre

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L’enquête de la CNSA met également le doigt sur un autre point semblant faire consensus : la difficulté à contacter les MDPH ou à obtenir le bon interlocuteur. En parallèle, seuls 51 % des interrogés disent avoir compris les aides auxquelles ils ont droit. Ces derniers se plaignent également de la complexité des démarches ainsi que des dossiers administratifs à remplir. Le suivi des dossiers peut alors bien souvent prendre des dimensions labyrinthiques en raison de cette défaillance, d’où l’importance de simplifier les démarches. À l’issue de ce parcours, 78 % des sondés estiment que la prestation qu’ils ont reçue correspond « globalement » à leurs besoins.

 

Heureusement, les MDPH s’en tirent honorablement concernant la qualité de leur accueil. Dans l’ensemble, le personnel des infrastructures est perçu comme aimable et à l’écoute des besoins ainsi que des souhaits exprimés par les visiteurs. 75 % des usagers font également savoir qu’il est relativement aisé de se rendre à la MDPH. Un questionnaire est par ailleurs disponible en ligne à tous ceux souhaitant donner leur avis sur ces questions (lien en fin d’article).

Mobilisation du Gouvernement

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Lors de la 5e CNH, Sophie Cluzel avait jugé comme prioritaire la nécessité de faire évoluer les missions des MDPH ainsi que leur fonctionnement. Pour se donner les moyens de cette ambition, un groupe de travail spécialement dédié à la question avait alors formulé pas moins de 37 propositions. Parmi elles, on note :

  • une procédure accélérée pour le renouvellement des droits ainsi qu’une procédure automatique de ces derniers suivant l’irréversibilité du handicap,
  • un plan d’accompagnement pour les professionnels,
  • un pilotage renforcé des MDPH afin de garantir des délais acceptables et des services homogènes sur l’ensemble du territoire.

 

La secrétaire d’État au handicap annonçait également la mise en place d’une mission nationale de contrôle et d’appui afin de veiller à l’application rapide des dernières mesures, notamment concernant les droits à vie.

 

Et pour demain ?

 

Un an après la 5e CNH, un système d’information commun aux MDPH est toujours en cours de mise au point. Celui-ci devrait alors permettre d’harmoniser et de simplifier grandement l’ensemble des tâches les plus rébarbatives afin de recentrer les maisons départementales vers leur mission principale. La CNSA estime également que l’allongement de la durée de certaines aides, notamment avec les droits à vie, devrait réduire la fréquence des demandes de renouvellement qui surchargent les services.

 

Autre nouveauté et héritage du confinement lié à la crise sanitaire du covid-19 : le développement des téléservices permettant aux usagers d’effectuer désormais la plupart de leurs demandes en ligne.

 

 

Lien vers l’enquête : http://mamdph-monavis.fr/